À la Libération, le 4 Septembre 1944, un véhicule détaché des troupes canadiennes investit un Touquet désert et sinistré. La presse de l’époque qualifie alors Le Touquet de « ville la plus minée de France ». Trois années seront nécessaires pour la déminer totalement. Ce sont au total environ 130 000 mines et engins explosifs qui sont retrouvés et désamorcés sur le territoire de la commune.
Ce 4 septembre 1944, Dorothy Borutti, sortant de la Villa Rosemary Cottage près du rond-point du Musée, accueille et embrasse le capitaine Murdoch Alexander (Sandy) MacPherson, premier soldat canadien entrant dans la ville libérée de ses occupants. Cette belle rencontre se prolongera par un mariage à l’Hôtel de Ville du Touquet le 2 avril 1945. Le couple partira ensuite pour le Canada. Toutefois, leur lien avec le Touquet ne s’est jamais distendu et selon leur volonté, leurs cendres reposent depuis 2005 au cimetière du Touquet.
Ce mercredi 4 septembre 2024, 80 ans après la rencontre entre Dorothy et le Sandy, outre un temps fort au rond-point de la Libération avec les élèves du collège, une reconstitution a été proposée par l’Association Faire Revivre l’Histoire en collaboration avec la Société Académique du Touquet et la Ville du Touquet-Paris-Plage. Pour l’occasion, Romie et Alexandra, les filles de Dorothy et Sandy étaient présentes. Le rond-point du musée a alors officiellement été dénommé « rond-point de la rencontre » en souvenir de ce jour si spécial du 4 septembre 1944.
Retour en images sur cette journée commémorative au Touquet-Paris-Plage
80 ANS DE LA LIBERATION
Discours de Daniel Fasquelle, Maire du Touquet-Paris-Plage
Mercredi 4 Septembre 2024 – 10h
Madame la Sous-préfète,
Monsieur le Député
Mesdames, Messieurs les élus,
Monsieur le Président de l’association « Faire revivre l’Histoire », Cher Serge Varlet,
Mesdames, Messieurs les membres de la société académique du Touquet-Paris-Plage,
Mesdames, Messieurs les représentants des Corps Constitués,
Mesdames, Messieurs les représentants des Associations Patriotiques,
Chers membres du Conseil Municipal des Jeunes du Touquet,
Chers élèves du Collège Maxence Van Der Meersch,
Chers amis Canadiens,
Mesdames, Messieurs,
La France est depuis cette année au cœur d’une série de commémorations qui se dérouleront jusqu’en 2025, afin de célébrer le 80e anniversaire des débarquements, de la Libération et de la Victoire de la France et des alliés.
Voilà 80 ans, une page se tournait. Avec la Libération de la France, c’était le retour de la dignité et de la fierté après quatre années parmi les plus dures qu’ait connues notre pays dans son histoire. C’était la fin de l’occupation allemande et de tout ce qu’elle avait de plus détestable.
Lorsqu’au début de l’été 1940, à la suite de l’armistice imposé par les Allemands, des chars et des militaires venus d’outre-Rhin traversent les rues de nos villages, réquisitionnent les vivres et les moyens, imposent leur administration, limitent les libertés, le premier sentiment que les Français ressentirent fut celui de l’impuissance.
Au Touquet-Paris-Plage aussi, tout bascule en juin 40 !
Pendant 4 longues années, ici comme ailleurs, la population fut plongée dans la noirceur de l’occupation. Les allemands virent en effet dans le Touquet-Paris-Plage un lieu stratégique non loin des côtes anglaises et doté d’hôtels et de villas pouvant être aisément réquisitionnés !
Dans le but de préparer leur débarquement en Angleterre, puis de se protéger contre une éventuelle offensive des Alliés, les Allemands exploitent ici et sur toute la côte, toutes les ressources disponibles. Ils installent des pieux Rommel, construisent des blockhaus, détruisent des bâtiments comme l’hôtel Atlantic. Les réquisitions au Touquet se multiplient : certains hôtels sont par exemple transformés en hôpitaux, et l’aéroport est occupé par des unités d’aviation.
L’occupation de l’Hôtel de Ville et des écoles, a été évitée de justesse. Les membres de la municipalité subissent quant à eux d’intenses pressions. Le Docteur Pouget, alors maire de la commune, est arrêté, expulsé du Touquet, et placé sous surveillance forcée.
Il faut se souvenir de ce que les Français et les Touquettois ont enduré : les difficultés de ravitaillement, le rationnement sévère et les files d’attente interminables à l’entrée des quelques magasins encore ouverts. L’exil aussi, notamment pour les femmes et les enfants mis à l’abri pour la plupart dans le département de la Mayenne sous la surveillance de l’instituteur de l’époque, Monsieur Leprêtre.
Il faut garder en mémoire la fatigue, l’épuisement et la peur qui minèrent nos compatriotes au cours de ces années terribles.
Face à la trahison des collaborateurs et brutalité des occupants, beaucoup ont été tentés par la lassitude et l’attentisme et le découragement.
Et pourtant, malgré cette chape de plomb qui écrasait le pays, malgré la propagande du régime de Vichy, des Français se sont mobilisés pour sortir notre pays du désarroi et du désespoir.
De toutes convictions, de toutes croyances, de toutes conditions sociales, ils se sont engagés pour libérer la France.
Soyons dignes de cet héritage,
– celui de Jean Moulin, de Charles de Gaulle ou encore de Pierre Brossolette ;
– celui de tous les humanistes et les bâtisseurs de la future Europe.
– celui encore des plus anonymes comme les Touquettois qui servirent la Résistance par des renseignements, destructions d’outrages ou par des services aux soldats alliés tombés sur le sol de France. Et je veux rendre un hommage ce matin à André Baleuw, Roger Snoeck, Gaston Brogniart, condamnés à mort pour être venu en aide à un aviateur canadien. L’Avenue des Trois Martyrs préserve aujourd’hui la mémoire de ces 3 Touquettois !
Cet héritage est celui de tous ceux qui ont permis à cette France défaite de reprendre sa place dans les combats et de participer à la Victoire.
Il y a 10 ans, le 4 septembre 2014, nous avons rendu hommage à nos libérateurs canadiens, aux militaires alliés et français ainsi qu’à toutes les victimes de la seconde guerre mondiale en inaugurant le rond-point de la libération, ici même face au collège Maxence Van Der Meersch.
Car c’est le 4 septembre 1944, en passant à cet endroit dans un Touquet désert, triste et une commune particulièrement meurtrie que trois soldats Canadiens, emmenés par le Capitaine MacPherson, ont pénétré dans la station.
Ils prirent rapidement conscience des risques liés aux mines déposées par les Allemands avant leur départ. Mais ils étaient loin de se douter de l’étendue du travail qui sera nécessaire par la suite pour sécuriser la commune et permettre à chaque famille de regagner son domicile.
Ce 4 septembre 1944, on ne savait pas encore que le Touquet-Paris-Plage aurait le triste record de la commune la plus minée de France avec plus de 130 000 mines et engins explosifs disséminés en ville, dans les dunes, à l’aérodrome et dans les endroits les plus insolites.
Il faudra trois ans à une équipe de volontaires dirigée par René Béchu pour déminer, au péril de leur vie, notre commune et sécuriser les rues et les immeubles afin que les Touquettois puissent revenir chez eux et que le Touquet reprenne vie, réellement.
Deux de ces démineurs volontaires, Eugène Dessouliers et Aimé Pecceu, y ont malheureusement perdu leur vie, le 13 novembre 1944, tués par l’explosion d’une mine piégée qu’ils tentaient de désamorcer, à l’angle des rues Saint-Jean et de Londres.
Le chantier est titanesque… un autre artificier, Claude Catel perdra la vie au Touquet, en 1967 dans une opération de déminage…
Cette journée du 4 septembre 1944 est mémorable pour une autre raison. Le Capitaine MacPherson passe ici, à cet endroit même pour sa mission de reconnaissance et il poursuit sa route dans le Touquet où il rencontrera un peu plus loin, Dorothy Borruti qu’il épousera ensuite, donnant naissance à deux filles, Romie et Alexandra ici présentes. Une magnifique histoire d’amour qui annonce une page qui va enfin se tourner et un avenir loin des années noires.
Symboliquement, j’ai souhaité associer à ces commémorations les Touquettois nés en 1944 et je remercie celles et ceux qui ont accepté notre invitation. Vous avez entendu vos parents raconter la guerre et cette mémoire est indispensable car au fil des années, les drames s’éloignent, les générations passent, et la peur de la guerre sur notre sol natal se fait toujours plus abstraite.
C’est aussi pour cela que je veux saluer le travail des associations locales qui permettent ce défilé très vivant qui nous accompagne en cette journée de souvenir grâce à l’Association « Faire revivre l’Histoire » en collaboration avec le Touquet Automobile de Collection.
Messieurs les Présidents, Cher Serge, Cher Patrick, merci pour votre participation à cette manifestation.
Merci aussi à la Société Académique du Touquet-Paris-Plage, qui, depuis 1906 n’a de cesse de consigner, préserver et valoriser la mémoire et le patrimoine de notre commune. Son aide a été des plus précieuses dans l’organisation de cette journée. Je tiens à saluer particulièrement Alain Holuigue, secrétaire perpétuel de l’association pour son implication.
Pour affronter la période difficile tant d’un point de vue national qu’international que nous vivons, nous devons nous inspirer de l’Histoire et nous souvenir que la compromission n’est jamais la solution.
Rappelons-nous que les valeurs de la France doivent être défendues avec conviction et détermination, sans peurs et sans jamais renoncer.
10 years ago, on September the 4, 2014, we paid tribute to our Canadian liberators and all the victims of the Second World War by inaugurating this Liberation Roundabout.
Here we are, 10 years later, to perpetuate this memory and make it more alive than ever.
Let’s remember together the sacrifice of the Allied soldiers and the courage of our liberators.
Dear canadian friends, thanks to be here.